Le facteur culturel
26/01/05
ce matin là, accord entre Michel Rocard et Alain Gérard Slama
Ce matin là (du 26/01/05, sur France Culture, vers 7h50), accord entre Michel Rocard et Alain Gérard Slama. Il y a des signes positifs pour la paix entre israéliens et palestiniens, mais le blocage fondamental, le nœud qu’on ne sait pas desserrer, c’est la position des religieux des deux bords, non seulement des extrémistes, mais des pouvoirs religieux eux même.
C’est la conclusion de la chronique de Slama, conforme à sa critique insistante des fondamentalismes et communautarismes. Rocard, qui a conduit la délégation européenne lors de l’élection palestinienne, reprend en utilisant la notion de « symboles » et de « sociologie du métier des politiques » : les politiques devraient connaître leurs limites et les symboles religieux sont précisément hors limites du politique.
les politiques et la culture
Cet accord a quelque chose d’inédit, non pas sur l’analyse politique ( j’ai le sentiment qu’elle est justifiée mais je ne connais pas concrètement la situation), ni même sur la reconnaissance du facteur religieux, mais sur la portée de cette reconnaissance.
Aucun homme politique, ou observateur politique de quelque envergure ne peut ignorer le facteur religieux ou le facteur culturel. La politique n’est pas un travail, ni une création ; c’est une action et cette action « passe par », s’effectue à travers le culturel.
Aussi bien, les « grands » politiques sont souvent des hommes de culture, c’est à dire non seulement des hommes qui ont le goût des choses culturelles – du savoir, de l’art- mais aussi des personnes qui prennent le soin de « se cultiver ».
C’est le cas, chez les modernes, de Jefferson, Disraëli, Clemenceau, Churchill, De Gaulle. Leurs points de vue sont singuliers, autonomes, puissants, caractéristiques d’une culture de soi.
On note souvent que le gros de la documentation écrite sur la religion des celtes est dans le rapport de Cesar sur la Guerre des Gaules ; on devrait remarquer aussi que pour relever ce type d’observations, il ne suffit pas de faire la guerre ou de gouverner, il faut aussi avoir formé et libéré son regard sur les hommes, bref il faut s’être cultivé.
Cependant l’idée que les politiques se font généralement de la culture – particulièrement dans les démocraties- semble quelque chose d’enfoui, de profond, de lointain, qui ne se modifie que lentement ; c’est finalement une idée assez proche des concepts de « mentalité » et de « longue durée » forgés par les historiens de l’Ecole des Annales.
Il y a souvent dans cette idée, lorsqu’elle est exprimée par des politiques de second rang, un mélange de jobardisme et de sincérité : la culture est trop élevée pour que le politique puisse l’atteindre, mais elle est si élevée qu’elle devient très lointaine et qu’on peut l’oublier. Le XIXème siècle appelait cette conception de la culture : le philistinisme.
le caractère actif des symboles
L’analyse partagée par Rocard et Slama est intéressante à double titre.
Il s’agissait bien de culture, de religion, et non pas de prises de position politique des religieux, ou d’ « enchevêtrement du religieux et du politique ». Rocard donc parlait de « symboles ». A vrai dire, on ne comprenait pas très bien ce qu’était le contenu de ces choses religieuses- je dirais plutôt « sacrées ».
Mais « symboles » tendait à montrer que palestiniens et israéliens étaient confrontés et saisis par le facteur religieux en tant que tel, la force, la capacité agissante du symbole.
On sait que Régis Debray recommande à juste titre de prendre en considération non seulement le « fait » religieux, mais aussi ce en quoi la religion constitue un « facteur », sa capacité propre d’action sur les hommes. Cette précision doit évidemment être élargie à la culture, au facteur culturel.
D’autre part, toujours selon Rocard et Slama, le facteur religieux, le symbole jouait son rôle, en l’occurrence, non pas dans le long terme, mais dans l’immédiat, non seulement stratégiquement mais aussi tactiquement, non seulement en arrière fond mais en se situant au cœur du conflit.
Cet aspect là de l’analyse est encore plus neuf que le précédent. Il peut paraître assez redoutable : le symbole est identifié comme une question politique, mais comme symbole, il doit précisément recevoir un traitement …symbolique.
Le déblocage de la situation dépendrait alors d’une initiative dans ce secteur, prise justement par ceux qui sont à l’origine du blocage et échappent aux politiques..
corsi et ricorsi
Pour parler de l’histoire culturelle, le grand Giambattista Vico, et Benedetto Croce parlent de corsi et ricorsi, tours et retours. Corsi et ricorsi, c’est ainsi que se construisent, se comprennent et se transforment les dogmes, pas par une analyse coûts/avantages.
Mais les politiques n’aiment pas ce travail de tricotage, de petite couture et préfèrent les grands récits, dans le genre hegelien, moitié par conviction, moitié parce qu’ils sont plus faciles à dire. Et chez les théoriciens, peu sont proches de Vico, même au sens large : Cassirer, Kantorowicz, Foucault, Legendre.
Le symbole au centre de la guerre, l’image au centre de l’économie, le signe au centre de la technique, l’affect au centre du sentiment public : voilà comment se manifeste la culture comme facteur.
le
merci pour ce joli article :) la palestine est le seul pays arabe ou le taux d'analphabetisme et trop bas et ce pays a donné de très iminent intrelectuels arabe faut trouvé une solution a ce conflit n'oublions que nous sommes tous les descendant d'adam et eve :)
Rédigé par : paix | 15/07/2009 à 18:44