PROJET HYPERMEDIA ROLAND BARTHES 1
(Ce texte reprend la première partie de l’étude préalable réalisée en 1996. Elle traite des questions d’édition électronique).
L' EDITION ELECTRONIQUE HYPERMEDIA
DES COURS DE ROLAND BARTHES
Première Partie :
ETABLISSEMENT DU TEXTE, "AUTORITE" ET EDITION ELECTRONIQUE
Sur ce plan, le projet présente plusieurs caractéristiques: générales, comme projet éditorial, et particulières, comme projet d'édition électronique.
EDITER DES NOTES ET DES ENREGISTREMENTS
Les enregistrements sonores, ou les notes manuscrites constituent une archive, ou ce que les spécialistes appellent un "avant-texte". Autrement dit, l'auteur n'a validé, pour publication, aucun des matériaux envisagés, ni le texte écrit pour une publication sur papier, ni l'enregistrement sonore, pour une quelconque reproduction.
D'autre part, il semble impossible de considérer l'enregistrement audio comme une étape intermédiaire a priori plus proche d'un état final qui n'a jamais vu le jour. L'une et l'autre, l'enregistrement sonore et le manuscrit, sont seulement une image, une étape d'un travail en cours, le premier reflétant cependant, avec une certaine exactitude, une représentation du texte par Barthes lui même, dans une communication publique.
Le problème se trouve ainsi déplacé: comment procurer une reproduction de cet enregistrement dotée à la fois d'utilité et d'exactitude? Une reproduction audio, classique (cassettes, disque) et donc séquentielle est relativement exacte, mais pauvre d'utilisation. L'édition papier d'une transcription est plus utilisable, mais pose de redoutables problèmes d'exactitude et de fidélité.
Dans le cas présent, la publication irrégulière de transcriptions défectueuses a d'ailleurs fait l'objet d'un contentieux aujourd'hui réglé.
A la différence de ce que serait, par exemple, une version électronique du "Roland Barthes par Roland Barthes", on s'attend, ici, à ce que l'édition hypermédia facilite l'établissement d'un texte inédit, qui n'a pas été écrit dans cette perspective.
A ma connaissance, le cas est unique. Le plus souvent, les livres électroniques résultent d'un transfert du support de publication; les éditions électroniques originales sont le fait d'auteurs qui ont écrit leur texte en s'appuyant sur les nouvelles technologies; les rares publications d'archives concernent des fonds publics plutôt que des "textes d'auteur".
D'autre part, si on considère les deux ensembles (notes et enregistrements) comme un "avant texte", il me semble, sans être un connaisseur, que le dossier génétique est assez faible: peu de corrections, ni de variantes dans le manuscrit, assez peu d'indications graphiques en général. L'enregistrement est proche du manuscrit préparatoire: Barthes dit son texte.
Cela ne signifie pas que le rapprochement de l'écrit et de l'oral soit sans intérêt. Au contraire, l'étude du texte pourrait s'enrichir de l'étude de son interprétation par l'auteur lui même (pour autant qu'il existe des bases théoriques à ce genre de recherches, ce que je ne sais pas).
TROUVER UNE FORME HYPERMEDIA QUI CONVIENNE
Le principe retenu est de considérer la présentation sous forme électronique comme une opération d'édition à part entière.
Elle peut prétendre à la plus grande fidélité au texte et à la démarche de l'auteur ou, à l'opposé, revendiquer une interprétation, un nouvel éclairage. Mais, dans tous les cas, elle doit rendre explicite ce régime de fidélité, d'autorité, comparable, mais nécessairement distinct de ce qu'il est dans la culture du livre imprimé.
L'interface doit être au service de ce projet éditorial. Nous retenons comme orientation de "procurer une édition électronique qui convienne au texte de Roland Barthes", et non pas de "transférer sur support électronique les cours de Roland Barthes", ni de "produire un hypermédia à partir des cours de Roland Barthes".
La forme hypertextuelle concerne non seulement l'interface de présentation, ie grosso modo l'équivalent de la présentation typographique, mais aussi l'édition "intellectuelle" du texte, notamment sa structuration et son "appareillage de lecture".
Elle pose elle même des problèmes spécifiques et importants de fidélité au texte et à Roland Barthes. En effet, les présentations hypertextuelles ont pour vocation le souci de rendre possibles, et d'étayer techniquement de nombreux parcours de lecture différents.
Ainsi, l'édition hypertextuelle d'un texte "classique" peut elle se présenter, au choix, comme:
-la bonne organisation des parcours convenant au texte, en fonction d'une interprétation donnée,
-la possibilité de toutes sortes de parcours sans revendication de légitimité pour aucuns,
-une hypothèse d'éditeur permettant de produire une interprétation.
Soit: la bonne lecture, toutes lectures, une lecture possible.
La question de l'autorité, en matière d'édition hypertextuelle devient donc la suivante: comment et où se trouvent justifiées les différentes propositions techniques de parcours de lecture.
Dans le cas présent, cette question souffre deux complications.
Il s'agit d'une édition originale; donc les parcours de lecture ne peuvent pas être rapportés à un premier qui aurait été produit par Barthes lui même.
Ils peuvent l'être aux indications que Barthes a données, dans le cours et ailleurs, mais la familiarité apparente des principes de l'hypertexte avec ses propres conceptions doit être étudiée (cf. 2§).
Le principe retenu est le suivant: le réseau de lecture hypertextuel, explicite ou implicite, proposé à travers l'édition électronique doit être justifié pour pouvoir être critiqué.
Cette proposition n'est pas un commentaire du produit éditorial, un accompagnement; elle est partie intégrante de l'objet édité, visible à travers "l'interface de navigation". Il ne s'agit donc pas de réaliser un multimédia qui regrouperait deux sources de données différentes travaillées par des fonctionnalités informatiques non justifiées par le projet d'édition.
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